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Biblioado
20 mai 2013

Hate List

hate list

« La liste était mon idée. Mon invention. C'est moi qui l'ai commencée et c'est moi qui l'ai poursuivie. Elle est à l'origine de l'amitié entre Nick et moi ; c'est elle qui nous soudait. Grâce à elle, ni lui ni moi, on ne se sentait plus jamais seul. »

La narratrice Valérie, est une adolescente vivant à Garvin, une petite ville des États-Unis. Comme de nombreux lycéens, c'est sa rentrée aujourd'hui. Une rentrée pour elle qui fait figure d'épreuve. Car Valérie a assisté au massacre qui a touché le lycée, au mois de mai de l'année dernière. Elle en fut une des victimes, mais aussi l'une des protagonistes désignées. Nick Levil a ouvert le feu, tuant des douzaines d'adolescents. Or Nick était le petit ami de Valérie. A eux deux, ils avaient rédigé la « Hate List », littéralement la liste de la haine, notant durant les trois ans que durera leur relation, toutes les choses qu'ils détestaient et surtout les gens du lycée qu'ils haïssaient. Des professeurs, et surtout des élèves qui humiliaient, vexaient, brimaient continuellement Nick et Valérie.

Si pour Valérie, cette liste n'était qu'un jeu, un défouloir, vague îlot de soutien qu'elle avait loin des engueulades de ses parents, loin des moqueries de ses camarades; pour Nick, cette liste fut décisive dans son acte de tuerie au lycée.

Un été après les événements et leur mascarade médiatique, Valérie va retourner au lycée...

« Sauf que ce matin, le lycée avait un parfum radicalement différent. Jamais il ne retrouverait ce goût à la fois excitant et intimidant qu'il avait le jour de ma première rentrée. Jamais plus je ne l'associerais aux plus belles histoires d'amour du monde, à l'idée d'euphorie, de rire, de travail bien fait – tous les fantasmes des ados quand ils imaginent leur futur lycée. Voilà une nouvelle illusion que Nick nous avait volée ce jour là. Non seulement il nous avait volé notre innocence et notre sentiment de bien-être, mais il avait aussi réussi à nous dérober nos souvenirs. »

J'avoue que j'appréhendais la lecture de ce roman. Le sujet n'est évidemment pas que la tuerie dans un lycée. Jennifer Brown a l'intelligence d'en faire le point de départ de son roman et non le pivot central. Le sujet est bien sûr le pourquoi de cet événement, notamment et simplement l'adolescence et son lot de malaises qui l'accompagne. Valérie est une jeune fille perdue : son petit ami qu'elle idolâtrait, s'est tué, emportant avec lui des dizaines de victimes. Sa famille ne parvient pas à se positionner face à elle, perplexes face à une adolescente dont les actions restent ambiguës. Et son retour au lycée ne se fera pas sans heurts...

L'auteure capte un esprit propre à l'adolescence : les jeunes filles blondes bien sous tout rapport, têtes de file, qui crachent leur venin, les rapports de force entre « gagnants » et « losers », les confrontations avec les parents, les instants gracieux où deux laissés pour compte s'attirent comme Nick et Valérie et puis la haine qui monte face à toutes ces moqueries, ce mépris permanent dans ce milieu hostile qu'est le lycée... Tous ces « clichés » sont réels et aboutissent à la tuerie. L'auteure parvient à rendre avec justesse ce climat, cette violence sectaire, qui s'ils n'expliquent pas les actes de Nick, permet d'y trouver quelques clés.

Valérie dans sa quête de comprendre et de revenir à la vie « normale », trouvera des aides inattendues, comme le docteur Hieler, son psychologue, Béa une professeur d'arts décalée (assez cliché...), et Jessica, qui aurait été la dernière victime de Nick si Valérie ne l'avait pas sauvée.

L'écriture m'a parue sensible et oppressante, à l'image des émotions de Valérie. Le livre se lit -j'ose dire- facilement, les 400 pages sont très intenses et facilement prenantes, et on s'attache à la narratrice dans son douloureux parcours de renaissance. Seule déception : la fin m'a parue arriver trop vite, et est assez simpliste.

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