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Biblioado
14 juillet 2013

Arsène de Juliette Arnaud

Arsène

"Les filles, c'est comme les joueurs de foot, il y en a plusieurs catégories. Tout le monde ne peut pas jouer en Champions League, n'est-ce pas ? Déjà parce que ça ferait trop de matchs et pas assez de ligues. Et puis c'est important de ranger les choses dans des catégories pour s'y retrouver. Moi, en vérité, les filles j'y connais rien à part ma mère, ma Mamie de Pornic et Lita.
Heureusement j'ai pensé à Arsène Wenger, mon maître, et tout de suite j'ai pigé que cette fille-là c'était forcément un numéro 10. Alors je me suis dit : "Cette fille-là, minimum, elle mérite de s'appeler Arsène." Et c'est ce que j'ai fait. Je l'ai appelée Arsène."

Georges est le plus petit du collège. Discret, solitaire, sa passion dans la vie c'est Arsène Wenger, l'entraîneur de foot de l'équipe d'Arsenal. Autant dire que Georges, il analyse la vie à coups de métaphores footballistiques plutôt bien trouvées. Il vit dans un petit quartier tranquille à Paris, où ses vrais amis sont Monsieur Ali, un libraire musulman pas très causant et la fille de la concierge, Lita, asthmatique et férue de médecine, accrochée à son Vidal. Et puis, dans ce quartier, il y a un drôle d'homme qui rôde, Georges le surnomme la Méduse, car tentaculaire et curieusement louche.

Un jour, débarque une fille dans l'immeuble de Georges. Une toute jeune fille qui commence à passer de l'autre côté de l'enfance. Georges décide de l'appeler Arsène. Arsène, animal nocturne, toute en jambes, cheveux dorées, yeux avec "des morceaux d'or à l'intérieur" et une odeur qui "est exactement l'odeur des fleurs quand elles commencent à mourir". Arsène qui a une drôle de maladie : le mal être. Bref Georges est subjugué : il va tout faire pour mieux la connaître.

Arsène c'est avant tout une écriture. Une écriture très vive, très oralisée (certaines phrases sont un délice à lire à haute voix), des répliques bien senties : on sent bien que l'auteure vient du théatre.  A l'image de la prof de français de Georges qui lui met un 18 même si il est hors sujet, pour "récompenser le style" : moi, en lisant les premières lignes d'Arsène, je n'ai pas décroché. C'est frais et surtout profondément humain, tendre. On suit les pensées des différents protagonistes : Georges, Ali le libraire, le prof de sport (gros coup de coeur pour ce bonhomme qui repasse ses survêts et qui derrière son côté bourru, se révèle profondément attachant) et la prof de français de Georges. Toutes ces prises de paroles nous permettent de percer la personnalité d'Arsène - certaines choses que Georges ne peut comprendre totalement. Et toutes ses personnalités, Juliette Arnaud réussit à nous les faire adorer. Je pense juste que la focalisation interne de la prof de français n'apporte pas véritablement à l'histoire.

Georges se mêle d'affaires de grands, et il parviendra à mettre son grain de sel dans ces histoires, car Georges -bien que naïf- est sacrément déterminé. A l'aide d'une veilleuse, de vitamines glissées subrepticement dans des gâteaux au yaourt et grâce à son coeur d'enfant de 11 ans, Georges va tenter d'aider la jeune femme perdue.

Et puis, on quitte le livre avec le sentiment d'avoir partagé des tranches de vie de personnes qu'on aurait aimé connaître pour de vrai tellement elles semblent réelles et généreuses ; et une petit boule dans le ventre nous tenaille parce que, malgré ses petits défauts et petites longueurs, on finit le roman avec un sourire.

"Ensuite elle a pris ma main et avec un feutre elle a écrit dessus le nom de la chanson et de celui qui chante pour pas que j'oublie. C'était la première fois qu'elle me touchait la main, ou un autre endroit de moi d'ailleurs, mais j'ai pas eu le temps de vraiment bien profiter vu que je m'y attendais pas. Ses cheveux ont touché mon visage, mais pareil, même problème, vu que je faisais attention à pas éternuer j'ai pas très bien senti sauf que c'était aussi doux que le bout des oreilles de Nadja."

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