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Biblioado
25 avril 2013

Le monde de Charlie

le monde de charlie

« Y a vraiment un truc qui tourne pas rond chez moi. Je sais pas ce que c'est. »

Charlie est « exceptionnel » selon son prof Bill, ou « pas raccord » selon lui-même, ou « dégénéré » selon les gens du lycée.

Charlie est hyper-sensible, il pense d'une façon excessive et analyse tout. Il entre au lycée quelques mois après le décès de son ami Michael. Suicide dont on ne saura rien ou peu, juste cette phrase : «Michael avait des problèmes à la maison ».

 Charlie a du mal à s'intégrer au lycée, trop différent, pas assez lisse pour les autres élèves, il a des difficultés à se fondre dans la masse.

 A la maison, Charlie est le cadet, sa sœur est en terminale occupée à gérer ses histoires de cœur et son frère est à la fac, destiné à une belle carrière dans le football. Leur tante Helen est décédée il y a plusieurs années et on comprend que sa mort a beaucoup affectée Charlie.

Jusqu'au jour où deux originaux, Patrick et Sam le prennent sous leurs ailes : avec eux, Charlie va enfin grandir...

Personnellement, j'ai mis un moment à entrer dans le livre ; Charlie écrit des lettres à une inconnue où il se dévoile entièrement; son style est à son image : infantile, pur, simple, émotif. Ses lettres font donc offices de journal intime s'étalant sur près d'un an. Parfois c'est très beau et d'autres fois, dur à lire car très mélancolique. Charlie a des problèmes psychologiques et on sent qu'il oscille sans cesse entre le bonheur et la tristesse, on devine que la noirceur n'est jamais bien loin. Des références à des séjours à l'hôpital insistent là-dessus. On se doute qu'un traumatisme doit être à l'origine de cette tristesse, ce que la fin du roman dévoilera de façon assez abrupte.

Les instants passés avec Patrick et Sam sont de beaux moments, et ils font du roman, un récit d'apprentissage.

« Patrick s'est mis à conduire super vite, et juste avant d'arriver au tunnel, Sam s'est mise debout et le vent a fait des vagues énormes avec sa robes. Quand on est entrés dans le tunnel, tous les sons ont été avalés d'un seul coup par le vide et remplacés par la chanson dans l'autoradio. Une belle chanson qui s'appelle Landslide. Quand on est sortis du tunnel, Sam a lancé un cri super marrant, et voilà. On était en centre-ville. Les lumières des immeubles et tout ce qui fait qu'on se pose des questions. Sam s'est assise et s'est mise à rire. Patrick s'est mis à rire. Et je me suis mis à rire.

Et à cet instant-là, je te jure, on était éternels. »

Charlie va se construire auprès d'eux, il va multiplier les expériences, se socialiser et découvrir tout un pan de la culture américaine des années 90 grâce à eux et aux livres que lui conseille son prof Bill. Les références au film The Rocky Horror Picture Show, à Nirvana, à la Beat Generation sont nombreuses. La bande-son et les livres préférés de Charlie sont d'ailleurs listés en début et fin de roman. Mais surtout grâce à ces personnages clés comme Patrick, Sam, Mary Elizabeth, Bill, Charlie va tout doucement s'ouvrir aux autres, raccorder les morceaux de son histoire et comprendre peu à peu sa personnalité et surtout se confronter à la violence des souvenirs que l'on oublie.

Les personnages secondaires sont extrêmement biens traités, ils ne sont jamais des faire-valoir, mais possèdent chacun un charme, une personnalité bien définie.

Le monde de Charlie (paru auparavant sous le titre Pas raccord) est un livre qui m'a retourné, la douleur de Charlie, son espoir d'aller mieux, son incompréhension du monde réel et ses tentatives de s'y impliquer m'ont touché. Sa différence, accentuée par son côté passif et asexué, ne cesse de le tenir à l'écart des autres.  Apprendre à être « là » est ce à quoi va se confronter Charlie ; apprendre à vivre avec soi-même.

Difficile de dire si j'ai aimé ce livre. La fin m'a remuée, et le malaise de Charlie m'a beaucoup affectée, je l'ai ressentie peut-être trop intensément tout le long du roman. Son personnage m'a fait penser à celui de Brian dans le très beau film de Gregg Araki, Mysterious Skin.

Ce qui m'a plu en tout cas, c'est la façon d'écrire de Charlie, le regard sensible et simple qu'il porte sur le monde avec parfois une incompréhension prompte à nous faire sourire. Le monde de Charlie reste indéniablement un roman intelligent et sensible sur l'adolescence.

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Commentaires
A
Personnelement, je ne connaissais pas le roman, j'ai découvert le film il y a quelques semaines. J'ai bien aimé l'approche de certains sujets, mais surtout les acteurs : j'ai trouvé Logan Lerman parfait dans son rôle de Charlie, et Emma Watson à l'aise dans son rôle. Peut-être que je lirais le livre dans quelques temps, alors...
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